Blog décembre 2017 – Voir loin avec la Fédération CJA : 100 ans de soutien à la communauté

Par Diane Alalouf-Hall , Doctorante
05 janvier 2018

En 2017, alors que le Canada célèbre le 150e anniversaire de la Confédération et que Montréal fête son 375e anniversaire, la Fédération CJA célèbre son centenaire avec un grand programme d’activités réparties durant l’année.

Il y a un siècle, alors que des dizaines de milliers d’immigrant.e.s juifs.ves fuyant les pogroms antisémites en Europe de l’Est arrivaient au Canada (Linteau et al., 1989b ; Anctil 2017), la Federation of Jewish Philanthropies, ancêtre de l’actuelle Fédération CJA voyait le jour. Cette institution fédératrice regroupait les principales institutions communautaires juives de Montréal de cette époque et s’était fixé un objectif ambitieux : recueillir suffisamment de fonds pour offrir des services aux familles juives montréalaises, notamment aux personnes les plus démunies.

Le modèle d’assistance communautaire bâti il y a cent ans par la Federation of Jewish Philanthropies s’est pérennisé et développé remarquablement au fil des années pour devenir la Fédération CJA en 1992. Cette fondation publique de la région de Montréal octroie des dons à différents organismes communautaires. La Fédération CJA est membre de la Jewish Federations of North America (JFNA), laquelle compte plus de 148 fédérations régionales à travers l’Amérique du Nord et fournit des services afin de soutenir les communautés juives via des fédérations locales. Dans ce regroupement, la Fédération CJA se classe parmi les dix plus importants organismes caritatifs du continent. Concernant Montréal, Morin (2017) relève en 2012 qu’il existe seulement 12 fondations publiques de la région qui octroient des dons de plus de 20 000$[1] à des organismes communautaires de la région. Parmi elles, la Fédération CJA est la plus ancienne. Comment expliquer une telle longévité ? Pour comprendre cette singularité, nous nous sommes entretenus avec David Amiel, président de la Fédération CJA.  

Un fort ancrage historique pour devenir la référence communautaire

La population juive montréalaise est passée de 7 000 personnes en 1901 à près de 60 000 en 1931 (Shahar, 2011). Ces familles nouvellement arrivées à Montréal depuis l’Europe de l’Est et la Russie parlaient généralement le yiddish et étaient en situation de grande pauvreté. La Fédération de l’époque a cherché à les intégrer. Ira Robinson (2017) souligne les différences entre des nouveaux arrivants et les membres de la communauté juive déjà installés à Montréal “they seemed religiously, socially, and culturally quite distinct from the small, established and largely prosperous English-speaking Jewish community of Montreal[2]”. Cet afflux important de nouveaux arrivants a soulevé des besoins pressants de la part de familles qui ne pouvaient être aidés individuellement par chacune des organisations rattachées aux synagogues. David Amiel souligne le contexte particulier du Québec en 1917.

« Il faut se rappeler qu’à cette époque au Québec, il n’y a pas vraiment d’État providence. Il n’y a pas les services sociaux qui existent aujourd’hui. Ce sont surtout les congrégations religieuses de frères et de sœurs qui fournissent des services. Il y avait un besoin criant pour la communauté de bien recevoir ces nouveaux arrivants et de permettre leur intégration socioéconomique ».

De cette crise migratoire renaît l’idée d’une centralisation de la philanthropie juive. Selon Anctil (2006), l’idée de créer ce type de structure institutionnelle était présente chez les Juifs québécois du milieu du 19e siècle. La Federation of Jewish Philanthropies a vu le jour dans cette lignée, réunissant des institutions aussi diverses que l’Institut Baron de Hirsch, la Société hébraïque des jeunes hommes (aujourd’hui YM-YWHA), la Ladies Hebrew Benevolent Society, le sanatorium du Mont-Sinaï, le dispensaire Herzl (plus tard la clinique), le Conseil des femmes juives de Montréal et d’autres. En fédérant la philanthropie, tous les montants recueillis pour venir en aide aux démunis sont réunis sous une administration centrale et redistribués selon une logique commune. C’est ainsi qu’est lancée en 1917 la première campagne de collecte de fonds pour remplir les coffres de cette nouvelle organisation montréalaise.

« Les autres vagues d’immigrations, la Seconde Guerre mondiale avec la Shoah et la grande immigration russe des années 90 ont également eu des besoins spécifiques. Une partie de notre monde était vulnérable et  vivait sous le seuil de pauvreté ».

Les survivants de l’holocauste, traumatisés et sans moyens financiers, avaient désespérément besoin d’aide. La Fédération CJA lance alors une campagne d’urgence pour collecter des fonds destinés à aider ces réfugié.e.s.

En 1951, la communauté juive montréalaise compte désormais 81 000 personnes (Shahar, 2011). La Fédération a rapidement démontré son efficacité et a su gagner le cœur de la communauté en adaptant ses services et en « accueillant correctement les nouvelles familles » dans le besoin. La première moitié du 20e siècle voit apparaître les fondements d’un modèle organisationnel qui est à la base de l’identité juive montréalaise d’aujourd’hui et qui représente une volonté sans cesse réaffirmée de garantir une forme de solidarité collective. « La communauté juive participe à la construction de Montréal depuis 300 ans. On est très fiers d’être bien ancrés, bien investis dans la communauté globale du Québec ». Les vagues d’immigration du début du 20esiècle ont marqué la ville, des restaurants célèbres aux grandes entreprises. Pensons simplement au restaurant Schwartz’s (1928), aux quincailleries Pascal (1901) ou encore à la chaîne d’épiceries Steinberg (1917). On pense également à l’Hôpital général juif, véritable référence à Montréal en matière de santé, où plus de 70 % des patients ne sont pas Juifs. Toutefois, l’influence s’étend parfois au-delà, par l’institutionnalisation des nouvelles pratiques sociales développées par ces organisations dans les services publics. Dans cet esprit et pour s’inscrire dans le cadre des festivités du 100e anniversaire, la Fédération CJA relaye sur son site Internet les portraits d’une centaine de Juifs.ves qui ont marqué la vie québécoise. Le message de la campagne est le suivant.

« Découvrez notre héritage à travers les portraits de plus de 100 Juifs d’ici. Vous en reconnaîtrez sans doute quelques-uns et vous ferez connaissance avec plusieurs autres. Mais surtout, vous apprendrez comment chacun d’entre eux a contribué à faire du Québec ce qu’il est devenu et comment nos réalisations communes ont permis de faire rayonner la province partout sur la planète ».

« Prendre soin les uns des autres fait partie de notre ADN »

Remettre volontairement une partie de ses biens à des personnes plus démunies que soi fait partie intégrante du judaïsme comme valeur et pratique religieuse. Le terme hébreu le plus couramment utilisé pour exprimer cette nécessité du don est celui de tzedakah (צדקה), qui n’a pas vraiment d’équivalent en français. On le traduit donc souvent par charité ou justice. La tzedakah n’est pas une prescription parmi d’autres puisque le Talmud le désigne souvent comme « le commandement », tzedakah représenterait un tout, une concentration des valeurs juives. Maïmonide [3] dépasse cette perspective en la rehaussant encore davantage :

« Il faut être attentif à l’obligation de la tzedakah plus qu’à toute autre obligation. En effet la tezdakah est la marque distinctive du juste appartenant à la descendance d’Abraham […]. Jamais un homme ne s’appauvrit par suite de la tzedakah, aucun mal, aucun dommage ne peut en résulter. »

(Michne Torah, Lois des dons aux pauvres, X.)

Autrefois, dans la religion juive, il était généralement considéré que la somme minimale à consacrer à la tzedakah équivalait environ à 10 % de ses revenus nets (le maasser ou la dîme). Ce pourcentage était modulable en fonction des moyens à la disposition de chaque personne. Cette pratique culturelle ancienne est évidemment à différencier des organismes philanthropiques actuels. La Fédération CJA n’englobe pas ce précepte dans ses valeurs[4]. En plus d’une dimension monétaire, il est mentionné, dans les écrits de Maïmonide, une hiérarchie entre les différentes manières de faire la tzedakah. L’objectif central relève de la dignité du bénéficiaire. Le don idéal est celui qui permet au bénéficiaire de devenir autonome. Offrir un travail est l’exemple le plus représentatif de cette intention.

« Ce dont le pauvre manque, tu dois le lui donner, habits, ustensiles…Tu as l’obligation de lui fournir ce qui lui manque, mais tu n’as pas l’obligation de l’enrichir ».

(Michne Torah, Lois des dons aux pauvres, VII, 1.)

Hansel (1998, p. 157) affirme que la finalité de la tzedakah n’est pas de procéder à une redistribution des richesses, mais de garantir la satisfaction des besoins qui sont essentiels à tous. Comme le monde n’est pas parfait, ses imperfections deviennent un appel à la responsabilité des Hommes. C’est l’idée de tikun olam (תיקון עולם) ou de la réparation du monde, « au sens large pas seulement pour les Juifs », comme le précise David Amiel. On trouve dans cette notion l’idée de contribuer, par de petits gestes quotidiens, à l’établissement d’une société meilleure. Ainsi, aider le plus démuni c’est faire acte de justice et répondre à la volonté divine. La Fédération CJA s’inspire de ces deux préceptes judaïques sans avoir pour autant une vocation religieuse. Elle agit plutôt à la façon d’une organisation investie d’une mission universelle dans un sens philanthropique. En effet, elle s’adresse avant tout à une communauté de personnes réunies par leur appartenance à la religion juive et qui souhaitent soutenir les plus vulnérables de leur groupe. 

Une diversité et une proximité dans les actions pour devenir incontournable

La campagne initiale de la Fédération en 1917 fut considérée comme un succès, recueillant 127 000 $ qui furent répartis entre douze organismes spécialisés. Selon Robinson (2017), le but principal de cette campagne était « relieving want and checking pauperism among Jews in the City of Montreal and elsewhere [5]». Dans ses premières années, l’ancêtre de la Fédération CJA concentrait ses efforts sur le soulagement de la pauvreté et l’offre de services de santé. Les priorités de la Fédération ne sont pas restées figées. Les besoins ont évolué vers le bien-être social : de la « charité qui allège » une souffrance au « service social » préventif.

Le président de la Campagne générale de 2017, Jimmy Alexander, a annoncé les résultats de la dernière campagne laquelle a cumulé un montant de près de 52 millions de dollars. Ce résultat est le fruit de la générosité d’environ 15 000 donateurs.trices et de 600 solliciteur.e.s et bénévoles. Le montant récolté inclut 36 millions de dollars pour la Campagne annuelle de base et plus de trois millions en dons ponctuels non dirigés, de cinq millions en dons ponctuels affectés à des fins particulières et près de sept millions de dollars pour le fonds destiné aux survivants de l’Holocauste. La répartition de cette somme n’est pas encore décidée, afin d’avoir une idée de celle-ci, regardons comment ont été répartis les fonds de la campagne de base annuelle de 2016 qui a récolté 35 millions de dollars pour la Campagne annuelle de base. Ces fonds ont été principalement distribués dans quatre pôles d’activités.

  • Prendre soin des plus vulnérables : 32 % des allocations.
  • Consolider la vie et la pérennité juives : 25 %.
  • Ensemble, nous faisons valoir les intérêts de la communauté : 14 %.
  • Israël, responsabilité nationale et internationale, représentation : 20 %[6].

Le premier pôle, prendre soin des plus vulnérables, est au cœur des valeurs juives et s’inscrit dans les activités de la Fédération CJA depuis ses origines.  « Un Juif montréalais sur cinq vit sous le seuil de la pauvreté. Nous donnons accèà des services d’urgence aux personnes dans le besoin, des plus jeunes aux aînés, dont certains d’entre eux sont des survivants de l’holocauste ». Cet axe comprend entre autres les volets immigration et travail, le fonds communautaire de lutte contre la pauvreté, des subventions aux frais de scolarité, et des activités de distribution de repas chaud au sein de « Le Café ». « Nous cherchons à alléger la charge financière des parents concernant la scolarisation ». Le deuxième objectif, consolider la vie et la pérennité juives, vise à assurer un avenir dynamique à la communauté juive et travaille au renforcement identitaire par l’éducation et la culture. Des fonds sont principalement redistribués entre autres à la CSUQ (Communauté Sépharade Unifiée du Québec), au CBEJ (Centre Bronfman de l’éducation juive), au centre Segal, à l’accès à l’éducation juive ou encore aux camps d’été. Le troisième axe, Ensemble, nous faisons valoir les intérêts de la communauté, entend protéger la vitalité de la vie juive au sein des petites communautés du Canada, en luttant, par exemple, contre l’antisémitisme. Enfin, le quatrième objectif, Israël, responsabilité nationale et internationale, représentation, incarne la responsabilité collective juive à travers un réseau étendu au Canada, en Israël et dans 70 autres pays. Cette répartition des fonds se fait par l’intermédiaire d’initiatives internationales (52%) et nationales incluant CIJA[7](48%). C’est dans cet axe que nous trouvons les fonds reliés aux situations de crises et d’urgence.

La Fédération CJA se donne pour mandat d’utiliser les montants recueillis de manière efficace en gardant à l’esprit l’idéal de la tzedakah. En agissant sur plusieurs niveaux d’activités, la Fédération accentue son caractère central et incontournable au sein de la communauté. Bien que la Fédération CJA s’adresse avant tout à la communauté juive de Montréal, elle étend ses activités à tous et à toutes dans de nombreux domaines tout en ouvrant également ses horizons géographiques. Rappelons le principe de la « réparation du monde » au sens large comme moteur de nombreuses actions de la Fédération CJA. Deux exemples illustrent cette valeur. Le premier concerne une agence affiliée, l’agence Ometz[8], qui étend une partie de ses services à tous et toutes et ce quelle que soit la religion de la personne en difficulté. Le second est une initiative propre à la Fédération CJA, le service de quartier « Le Café » est par définition accessible à toute personne en situation de pauvreté. « Après la crise, on a créé un service social appelé « Le Café ». On y sert des repas chauds deux fois par semaine à des gens du quartier. On ne demande pas la religion en rentrant. Nos bénévoles servent 25 000 repas par année à tout le monde. Notre priorité est notre communauté, mais nous savons également répondre à des besoins extérieurs, car la « générosité » est une valeur primordiale pour nous ».

Plusieurs interventions de l’organisme rejoignent ainsi des populations diversifiées et permettent d’établir des standards à l’intervention philanthropique pour l’ensemble du Québec. « Nous investissons aussi dans le domaine culturel et dans la santé avec des programmes ouverts à tous. C’est le cas avec le centre Segal, on a des programmes qui s’adressent à tous ». La Fédération CJA a recueilli 100 000 $ pour les victimes de la tragédie ferroviaire du lac Mégantic, une action que David Amiel explique de la manière suivante « nous sommes très fiers de nous présenter comme québécois et montréalais. Oui, c’est évident que certains de nos services sont dirigés vers notre communauté, mais nous faisons partie de la communauté globale ». La Fédération CJA superpose habilement des champs d’activités et d’intervention à partir de projets locaux, nationaux et internationaux, et ce, via les axes d’interventions proposés par la JFNA (répondre aux crises, investir dans le futur d’Israël, consolider la vie juive, s’engager pour les prochaines générations et venir en aide aux plus vulnérables).

La Jewish Federation of Winnipeg est en ce sens comparable à la Fédération CJA de Montréal. Vieille de 80 ans, cette fondation joue également un rôle parapluie pour les organismes caritatifs juifs de Winnipeg. Le montant total des allocations est moindre puisqu’il est d’environ six millions de dollars pour l’exercice 2016-2017. Malgré des modèles organisationnels qui se répètent dans différentes villes d’Amérique du Nord, les fédérations se distinguent par des spécificités régionales. Ainsi, la Fédération CJA se distingue par des projets de partenariats à visée locale et internationale, par exemple l’« Initiative France » avec l’agence Ometz, pour aider des Français juifs qui désirent se renseigner ou immigrer au Québec.

Créer des liens privilégiés avec les partenaires et mesurer les impacts

Aujourd’hui, la Fédération CJA est à la fois un organisme qui recueille des dons par le biais d’une campagne annuelle de grande ampleur qui commence fin août (appelée l’Appel juif unifié), et un centre de services via des partenariats. Il est impossible pour une fondation publique d’agir sur le terrain sans la présence de partenariats adéquats. La Fédération CJA entretient donc des relations solides avec des organismes qui fournissent directement des services d’aide à la personne. « Ici, c’est le bureau central de la Fédération CJA, mais on trouve également les bureaux de nos agences affiliées par souci de proximité. Cela crée un effet campus et une dynamique intéressante. Il faut pouvoir répondre à tous les besoins de nos membres. On trouve par exemple l’agence Ometz dans les locaux pour répondre au besoin de trouver du travail » (David Amiel).

Certaines agences sont reconnues par la Fédération en tant qu’agences affiliées (onze partenaires en 2017). Ces dernières reçoivent un financement important. Elles ont recueilli en 2017 plus de 25 % des allocations de la Fédération. La Fédération finance également certaines organisations communautaires qui ne sont pas des agences constituantes, mais qui sont étroitement associées à l’organisation (vingt-huit partenaires). Ces organismes disposent d’allocations globales moins importantes et reçoivent environ 17 % du budget alloué par la Fédération. Un troisième type de relation est entretenu entre la Fédération CJA et d’autres organismes associés sans financement (treize partenaires). Enfin, les partenariats nationaux et internationaux reliés au travail de représentation ont reçu environ 20 % des allocations distribuées en 2017.

Concernant la collecte de fonds, la Fédération CJA réalise des collectes dont le coût est le plus bas possible. L’idée est d’augmenter la partie des fonds récoltés distribués directement aux partenaires pour réaliser leurs actions sur le terrain. Par exemple, le coût de la collecte de fonds de la campagne annuelle de l’Appel juif unifié de 2016 représentait 6,1 % du montant recueilli et 4,4 % ont été attribués au développement des ressources financières et à l’acquisition de futurs revenus. Pour parvenir à ces résultats, la Fédération CJA mise sur des partenariats financiers en instaurant un programme de commandites important tout en comptant également sur le soutien offert par de nombreux bénévoles. Les commandites de la campagne de 2016 totalisaient plus de 1,3 million de dollars[9].

La société évolue et les besoins aussi. La Fédération CJA en est consciente et cherche, de concert avec ses partenaires à anticiper les besoins. La méthode privilégiée est la responsabilisation des agents partenaires pour que les fonds engagés atteignent les résultats escomptés.

« Nous devons mettre l’accent sur les résultats plutôt que sur les réalisations. Nos donateurs souhaitent que leur contribution ait un impact tangible. C’est pourquoi nous travaillons efficacement avec nos partenaires. […] La mesure d’impact est une force que notre Fédération possède. Avant on travaillait sur les outputs maintenant on s’évalue par les outcome. On cherche à dresser des faits responsables. […] Nous ne trouvons pas spécialement de contrainte institutionnelle pour nous permettre d’agir efficacement. Nos donateurs sont professionnels et informés. Ils veulent savoir où va leur argent et regardent ça comme un investissement pour le futur de la communauté. C’est pour cela que nous essayons d’être le plus transparent possible via les rapports d’impacts, par exemple. » (David Amiel)

Comme pour d’autres organismes, la charité des donateurs n’est plus la seule et unique motivation, l’investissement durable entre également en ligne de compte. Comme le précise Robinson (2017), depuis l’entre-deux-guerres la Fédération CJA a pris le tournant de la « charité scientifique »[10]. Aujourd’hui encore, si on suit le raisonnement de David Amiel, la légitimité des actions tient aux résultats des actions engagées.

À la Fédération CJA, la relève communautaire a toujours été une priorité. Les jeunes représentent l’avenir de la communauté et de l’organisme philanthropique qui les représente. David Amiel et ses équipes parient sur l’avenir. Comment être à l’écoute de cette génération et comment les aider à réussir ? Des programmes sont créés pour aider les jeunes adultes à avoir accès à des opportunités professionnelles attrayantes.

« La communauté juive montréalaise de 2017 est bien différente de celle d’il y a un siècle, un demi-siècle ou trente ans. Si la Fédération CJA a connu un tel succès sur un siècle, c’est qu’elle a su répondre aux besoins de sa communauté ».

Effectivement, les exemples de fondations publiques qui passent les siècles à Montréal ne sont pas nombreux. Que souhaiter de plus à la Fédération CJA, si ce n’est un joyeux anniversaire et un prochain siècle de soutien et d’engagement pour la communauté ?

« Il y a certaines caractéristiques uniques à 1917. Il y a aussi des faits continus, des constantes. On investissait déjà pour aider les personnes vulnérables et pour consolider notre culture. C’est toujours le cas. Pour investir dans le futur, il faut toujours regarder dans le passé. Il y a des choses qui vont changer. Mais faire partie de la réussite au Québec depuis presque 300 ans déjà nous permet de regarder le futur avec confiance. Montréal, le Québec et plus largement le Canada, sont bien positionnés pour offrir une qualité de vie aux générations futures. »

Notes de bas de page

[1]Fondation du club de Hockey des Canadiens (2000), Roaster, Enfant Soleil, Fédération CJA, Centraide, Fondation du Grand Montréal, Bon départ de Canadian Tire, Ultramar, Recours des Sans Abri, Secours Aînés, Rona, Partenaires du Cardinal (léger)

[2] Traduction : Ils semblaient religieusement, socialement et culturellement tout à fait distincts de la petite communauté juive anglophone déjà établie et largement prospère de Montréal.

[3] Maïmonide a vécu en Espagne (Cordoue) et en Égypte au XIe siècle de notre ère

[4] Les valeurs affichées par la Fédération CJA sont : « Chesed (Bonté), Tzedakah (Justice), Klal Israel (Le peuple juif), Tikun Olam (Réparer le monde) ». Source : https://www.federationcja.org/fr/qui-sommes-nous/.

[5] Notre traduction : soulager la misère et de contrer le paupérisme chez les Juifs de Montréal et d’ailleurs.

[6] Le reste du montant est dispersé dans les coûts de campagne, les frais administratifs, développement des ressources financières et à l’acquisition de futurs revenus.

[7] Agence de représentation des fédérations juives du Canada, mandatée pour assurer une meilleure compréhension des enjeux qui affectent la communauté juive.

[8] Ometz est une agence de services sociaux affiliée à la Fédération CJA. « C’est une agence montréalaise, accréditée par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, qui offre une vaste gamme de services dans les secteurs de l’enseignement, de l’emploi et de l’immigration. Chaque année, plus de 13 000 personnes profitent de nos services d’intervention, de prévention et de soutien, ainsi que d’autres programmes visant à améliorer la qualité de vie » (source site Internet Ometz)

[9] Liste partielle des commanditaires de la campagne :  BMO, RBC, PearTree, TD, Bell, Banque Scotia, Richeter, KPMG, Loblaws, Vision, Canada-vie, Pharmascience, etc.

[10] Ce concept veut dire que les plus vulnérables ont besoin d’une aide monétaire mais aussi de solutions constructives durables.

 

David Amiel, actuel président de la Fédération CJA est entré en poste en septembre 2017. Préalablement, il a agi pendant deux ans comme premier vice-président du conseil d’administration, dont il était membre depuis 2013. David Amiel est un acteur particulièrement actif de la communauté juive de Montréal, y ayant occupé diverses fonctions de leader et dirigé de nombreuses initiatives. Son engagement remonte à 2009, alors qu’il présidait la Marche vers Jérusalem. Par la suite, à la Fédération CJA, il a également présidé la Campagne du jeune leadership en 2011 et la division YAD Montréal en 2013-2014.