- Poste occupé:
- Directrice, programme des dons planifiés
- Organisation:
- Oratoire Saint-Joseph
- Type de formation (1):
- Autre
- Programme de formation (1):
- MBA
- Types de professionnel-le:
- Professionnels-les dans les OBNL et OBE
- Secteurs d'organisation:
- Avancement de la religion
- Types d'organisation:
- Oeuvres de bienfaisances (OB)
Pourriez-vous vous présenter ?
Détentrice d’un baccalauréat en Sciences politiques, puis d’un MBA de la Richard Ivey School of Business de l’Université Western, j’œuvre dans le domaine de la philanthropie depuis 20 ans, à titre de bénévole et/ou de professionnelle. Je suis animée par le cœur des donateurs, et par tout ce qui peut être accompli grâce à eux, si l’on sait les interpeller, les faire rêver, et les accompagner, de près ou de loin, selon leur préférence, dans une démarche philanthropique.
Qu’est-ce qui vous a amené à travailler en philanthropie ?
Après avoir obtenu mon MBA, je suis allée travailler en Belgique pour une pharmaceutique. À mon retour au pays, j’ai ressenti le besoin de me créer un réseau et je me suis alors tournée vers l’Association des diplômés d’Ivey. Peu de temps après, j’ai assumé la présidence du chapitre montréalais, et ce pendant 4 ans. C’est lors d’une des retraites des leaders de l’Association à Toronto que j’ai réalisé ce que représentait le recrutement d’un jeune professeur ayant un parcours académique et professionnel intéressant. J’étais estomaquée ! Je savais fort bien que c’est la qualité de ses professeurs qui rend ce programme si exceptionnel, cependant prendre connaissance du coût nécessaire pour les recruter m’a ouvert les yeux. C’est là que j’ai décidé de transformer mon passe-temps en profession.
Pouvez-vous définir et expliquer en quoi consiste votre activité et/ou fonction au sein de votre organisation ?
Mon travail consiste à sensibiliser ceux et celles qui portent déjà notre organisme dans leur cœur, nos plus fidèles donateurs avant tout, et de leur faire voir le rôle important qu’ils peuvent jouer pour l’avenir de l’Oratoire. Je leur donne l’occasion de poser un geste significatif, qui est le reflet de leurs valeurs, pour assurer la pérennité d’un endroit qui leur tient à cœur. Mon rôle est de les informer sur les diverses façons de soutenir l’œuvre de saint frère André selon leurs actifs et leur situation fiscale et familiale. Pour certains, le meilleur moyen est de faire un legs, d’autres préfèrent un don immédiat plus important pour profiter des crédits d’impôt. Je les guide et les conseille dans cette démarche, m’assurant qu’ils ont les informations nécessaires pour prendre une décision éclairée. L’autre aspect de mon travail est de faire le suivi de la liquidation de successions dont l’Oratoire est légataire.
Quelle est votre formation professionnelle ? Est-ce pertinent dans le cadre de votre engagement philanthropique ?
Plusieurs des aptitudes développées et certaines des notions et techniques apprises durant mon MBA sont fondamentales et s’avèrent très utiles dans le cadre de mon travail. Qu’il s’agisse de modélisation du rendement d’un fonds de dotation ou de la capitalisation d’une police d’assurance vie pour qu’elle ne tombe pas en déchéance, ou de notions de communications et de marketing pour inspirer les donateurs, sans parler de questions de gouvernance et de savoir-faire interpersonnel. Le domaine des dons planifiés est en philanthropie là où le relationnel et le technique se joignent, tout comme dans le milieu des affaires.
Parlez-nous rapidement de votre parcours professionnel ?
Au début j’ai œuvré en développement international, notamment en Ukraine où j’ai travaillé pour un programme des Fondations Open Society de George Soros. Puis, le MBA m’a permis de faire partie du programme international de formation de cadres de Bayer en Europe, et ensuite, j’ai fait de la consultation en management stratégique et au milieu financier. Armée de ces riches expériences dans le privé, j’ai fait le saut en philanthropie en profitant de tout ce que j’avais appris. J’ai eu la chance de travailler au sein de plusieurs importants bureaux de développement ou de fondations : à l’Université de Montréal, au Neuro (qui fait partie du réseau de McGill), à Lower Canada College, en tant que directrice générale de la Fondation du Collège de Montréal, et comme directrice des dons planifiés chez Les Petits Frères puis ici, à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. De plus j’ai agi pendant cinq ans à titre de présidente du chapitre montréalais de l’Association canadienne des professionnels en dons planifiés.
Quels sont les défis et enjeux liés à vos fonctions en philanthropie ?
Je suis convaincue que le grand public dirait que le défi est de convaincre les gens de donner. Je crois plutôt que le plus important est le manque de compréhension de la nature et des enjeux de notre travail de la part de la haute direction, qu’il s’agisse de directeurs généraux qui ne sont pas issus du milieu de la philanthropie ou encore des conseils d’administration. Pensons par exemple à la pression qu’on nous met pour inciter les donateurs à nous fournir des preuves écrites du legs qui nous est destiné. Sans parler de la responsabilité que l’on nous fait parfois porter quand on doit accepter d’agir en tant que liquidateur et/ou mandataire en cas d’inaptitude : ces gestes ne sont pas couverts par les polices de dirigeants et administrateurs.
Comment définissez-vous la philanthropie aujourd’hui ? Comment cette définition influence-t-elle votre façon de travailler ?
Travailler en philanthropie est pour moi un travail citoyen, qui s’appuie tant sur des compétences sociales que sur des connaissances de pointe. C’est une profession qui demande tact, mais assurance, écoute, mais aussi rigueur. Il est primordial de demeurer à l’affut des changements législatifs, soient-ils en lien avec le droit successoral ou fiscal. Ne pas se mettre à jour peut signifier mettre l’organisme pour lequel on œuvre à risque, tant à ce qui a trait aux gouvernements, mais aussi à sa réputation. À ces fins, je reste l’affut des formations offertes à l’échelle pancanadienne et m’assure de suivre l’actualité.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite exercer votre profession/activité ?
Soyez patient et conciliant avec la structure interne de votre organisme. Ne vous laissez pas embourber par trop d’analyse. Prenez le téléphone, publiez votre témoignage, postez votre sondage, organisez vos événements, même si toutes les cordes ne sont pas parfaitement ficelées. En ce qui concerne les aspects plus techniques des dons planifiés : attrapez le taureau par les cornes, maîtrisez ces calculs, ces clauses juridiques, dès que possible, ça vous donnera plus de confiance pour aller à la rencontre de vos donateurs. Et de grâce, n’acceptez pas d’agir à titre de liquidateur .Finalement, développez un réseau de pairs, de contacts. C’est souvent avec eux et à travers eux, que l’on apprend le plus.
Une dernière chose à ajouter ?
Donnez ! Ça fait du bien. À la cause, et à notre cœur. Et ça permet de regarder nos bienfaiteurs dans les yeux quand on leur demande de faire un sacrifice.